Photo de couverture : un café à Monte-Carlo, prise par Laurence Marie Noé
Bonsoir à tous,
Il pleut à Nice, ce soir. J'aimerais être assise à une terrasse, et regarder en l'air. J'observerais les formes que découperaient sur le ciel un parasol vert et un immeuble de vingt étages au-dessus de ma tête.
Je vous avais laissé début avril avec ce début de phrase : "Je voudrais simplement" ... que vous pouviez compléter, ou illustrer par une métaphore, un dessin, une photo, un collage, un calligramme, un sonnet ....
Souvenez-vous, Cécile Coulon, commençait son beau poème-dialogue par "je voudrais vous offrir des frites".
Je ne sais pas pourquoi cette phrase, que j'aurais pu entendre dans la rue, cette phrase m'a réveillée, étonnée, enchantée. Il y avait quelque chose de connu, de familier que j'avais envie de lire et de suivre. Peut-être les mots "offrir" et "je voudrais" qui s'ouvrent comme un parapluie sur une invitation et le mot "frites", court, sonore, et si réaliste, terre-à-terre. Et puis tout le monde aime les frites, et j'avais peut-être envie de frites lorsque j'ai lu son poème. J'ai lu la scène comme une séquence de film. C'est le début de quelque chose, ou peut-être de rien. Juste une rencontre au bord d'un comptoir.
Cécile Coulon vous accroche dans ses "Ronces".
Je vous donne quelques titres de ses poèmes qui donnent envie de lire sa poésie :
- Les herbes sauvages
- Vivre dans les hautes lumières
- Tout va bien
- L'appartement
- Interlude
- Devant la maison
- Tes mains
Je vous donne le début de :
- Une lionne rouillée
Je suis restée là
calmement dans mon coin
je ne pensais pas
je ne croyais pas
faire autre chose qu'écrire des poèmes
et courir dans les bois ..
Je vous avais promis de pousser la jolie porte en bois, d'un jardin clos à La Brigue (06) et d'écrire "un poème de l'instant", rien que pour vous, et qui se déroulerait ainsi :
Je voudrais m'asseoir tout simplement
et arrêter le cours
des gens qui courent
des gens qui regardent
de leurs regards vides
ailleurs
je ne les croise plus
Je voudrais m'asseoir
au Café Vivre
avec Chantal Thomas
Je porterais un chemisier
bouffant
fermé aux poignets
de nacre
et de dentelle noire
de Calais
Dans les premiers soirs doux
d'avril
je reconnaîtrais la fraîcheur de la nuit
et la voix de Chantal Thomas
qui parlerait du Marquis de Sade
et de Jean-Jacques Rousseau.
"J'errais, dans les vallons, je lisais,
j'étais oisif, je travaillais au jardin,
je cueillais les fruits, j'aidais au ménage
et le bonheur me suivait partout". (*)
Je ne sais pas si je voudrais de cette existence,
de cette errance.
Je voudrais simplement
m'asseoir au Café Vivre
Avec un chat sur les genoux
qui attendrait et attendrait encore
Qui ?
je pourrais lire
son infinie patience
aux lignes de son corps
ses pattes de velours reposeraient
dans leur nonchalance
dans leur élégance
Je voudrais simplement
faire un herbier avec ma vie
Je voudrais simplement
m'asseoir près de vous
Nous ne dirions rien
Un livre de Chateaubriand
ouvert sur les genoux
Les Mémoires d'Outretombe
Nous lirions et nous nous enchanterions
des paysages bretons
et des "franges d'une écume argentée" (**)
l'automne
à Combourg
"Après avoir marché à l'aventure,
agitant mes mains,
embrassant les vents
qui m'échappaient ainsi que l'ombre,
objet de mes poursuites,
je m'appuyais contre le tronc d'un hêtre". (**)
Je voudrais simplement
m'asseoir et écrire un poème
qui parlerait de ce que je voudrais ...
Laurence Noé-Pécheur (Nice, le 26 avril 2021)
Poème de l'instant
(*) Chantal Thomas Café Vivre - Chroniques en passant
(**) Chateaubriand - Mémoires d'Outre-Tombe
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J'aime m'attacher à mon clavier et mon écran pour essayer ... de vivre plus intensément. C'est le pouvoir de l'écriture et de la lecture. Cependant j'aimerais revenir à des instruments plus près de la matière ... c'est à dire que je "voudrais tout simplement" sentir le crayon glisser sur le papier et le manger un peu au bout, vous savez ? Me salir les mains, et écrire ainsi, penchée sur la table en bois de châtaigner, et dessiner et lire puis écrire à nouveau, et lire et dessiner et aussi marcher, marcher, marcher et sentir les aspérités du chemin sous les pieds.
Si nous sommes créatifs, que ce soit en cuisine, au jardin, à la maison, en amour, en amitié, ou dans un blog, alors nous ne sommes pas complètement enlevés à nous-mêmes ... et nous continuerons d'habiter ce monde ...
Bonsoir et à bientôt de retrouver vos commentaires.
Qui est Chantal Thomas ?
Chantal Thomas est née en 1945. C'est une auteure que je suis régulièrement pour la beauté de son écriture, élégante et précise. Avec Chantal Thomas, on pénètre dans les mystères de l'écriture, les interrogations qu'elle suscite, la curiosité qu'elle affine et aiguise. On peut connaître, au sens de sentir, ce qu'est l'aventure d'écrire, dans son livre "souvenir de la marée basse", livre sur sa mère Jackie, et son plaisir de nager. C'est à la fois un livre sur la transmission entre une mère et sa fille ,mais c'est aussi, une recherche d'écriture au plus près des sensations de l'eau comme élément de vie et de culture à Arcachon et à Nice.
Spécialiste du XVIIIème siècle, elle m'a appris que l'Histoire avec un grand "H", ce sont aussi des histoires. En lisant "L'échange des Princesses", "Les adieux à la reine", on suit avec passion la vie des femmes du XVIIIème siècle avec ses étrangetés, ses cruautés, et ses fantaisies.
Par son écriture, Chantal Thomas nous rapproche des hommes et des femmes de ce siècle et transforme notre manière de les voir et de nous voir.
Chantal Thomas est aujourd'hui la dixième femme à occuper un siège d'académicienne. Elle occupe le siège de Jean d'Ormesson.